Iris, Myriam, Yashodharā
Ma curieuse aux yeux d'amande,
Ma fille-fleur, Iris de ciel et d'eau,
Ma fille au sexe de lotus,
Messagère
Au souffle de pierre arrachée,
Dans la lumière d'août,
Gorge étroite, arc rompu, corps d'abandon,
Ma fille aux bras d'algue de lenteur
Aux mains captives de tendresse
A la nuque de douceur fléchie
Aux doigts de sombre étoile,
Ma docile, ma courageuse
Aux chevilles de nuée
Aux cris d'ombre et de temps
Au destin de sel,
Ma rêveuse, ma dormante, ma perdue
Aux sourcils de graminées
Au sourire clair trahi,
Écoute les voix mêlées
De ceux qui ne voulurent pas, qui ne suffirent pas,
Pardonne leur faute qui n'est pas,
Cassure de l'origine.
Tu es forte,
Comme j'ai confiance
Forte comme l'élan de ta naissance
Cri, victoire et partage,
Comme les visages amis, rassemblés
Le sourire du Bouddha, roue d'impermanence
Et l'épaule de Marie,
Forte comme
Les toits des chalets sous la neige
Ou la source de montagne
Ou les grands arbres de Croix,
Comme nos bras, boucliers d'inquiétude
Nos deux corps rageurs, arc-boutés, étoffes tendues,
déchirure prête
Nos deux passés vaincus, amarrés,
Comme nos deux mémoires, portes battantes, cracheuses
d'oubli,
Forte comme nos lèvres amères arrêtées, un matin
Mais délivrées par les mots clairs de ton frère.
Tu es là, ma présente
Dans l'oubli de la pente des heures
Imprévisibles,
Et tu danses sur une musique de Khaled
Une musique du pays de Malika,
Blottie, déliée, dédaigneuse d'injures
Des Bien Intentionnés
Aux langues de métal,
Nous t'attendions, tu es venue
Pour cette poignée de temps
Ce frôlement de cils
Cette goutte de lumière cachée sous ta paupière,
Je sens ton souffle pressé
Vague qui se soulève et rassure,
Je prends ta main qui m'accompagne
Ô ma complice,
Ma fille
A jamais.